Après un premier épisode concernant la sécurité et la vidéosurveillance il y a quelques mois, la mairie poursuit son obsession via un questionnaire distribué avec le journal « La mouette » de novembre.
Favoriser la concertation est une excellente démarche. Mais ici, cette démarche est-elle sincère, a-t-on envie d’un débat éclairé ou bien ne nous prendrait-on pas légèrement pour des idiots ?
Des questions qui peuvent légitimement se poser en analysant le questionnaire.
Après quelques questions concernant la vitesse des véhicules, les sujets de la vidéosurveillance et des voisins vigilants sont abordés d’une façon si particulière que l’on peut s’interroger sur l’objectif de l’enquête…
Les questions, les voici :
Question mairie : Vous sentez vous entièrement en sécurité à Lancieux ? oui/non, pourquoi ?
Le mot « entièrement » ou « vraiment » dans une question de ce genre participe à ce qu’on appelle une question orientée. Le risque zéro n’existant pas et la sécurité totale non plus, il est probable que la majorité des réponses seront négatives même si Lancieux n’est pas une zone dangereuse. Il est presque amusant de voir que, pour aboutir au dispositif que la mairie souhaite installer coûte que coûte, elle en vienne à pousser les habitants à considérer que leur ville est moins sûre qu’il n’y paraît.
Une démarche particulièrement surprenante de la part d’une commune qui bénéficie d’un fort tourisme familial.
Question mairie : Pensez-vous que la vidéo-protection (images conservées 20 jours maximum et consultables uniquement par les forces de l’ordre et dans le strict cadre d’une enquête ordonnées par celles-ci) contribuait à améliorer la sécurité contre la délinquance, les incivilités, les dégradations, les cambriolages ?
Que penser de cette question fourre-tout au sujet de la vidéosurveillance où se retrouve amalgamé l’ensemble des faits délictueux imaginables ? Avec cet inventaire complet, l’auteur du texte espère sans doute qu’un des items conduira à une réponse positive à la question. La ficelle est un peu grosse.
Mais surtout, le fait que la personne sondée « pense » (pensez-vous) que tel ou tel système est utile ou non est-il une preuve de l’efficacité dudit système justifiant sa mise en œuvre ? Bien sûr que non !
Nous nous trouvons ici au cœur d’une manœuvre consistant à appuyer d’éventuels choix politiques sur une simple impression populaire, impression non étayée par des résultats scientifiques et sociologiques.
Ces études scientifiques existent pourtant et la mairie ne peut les ignorer. Voilà plus de vingt ans que la vidéosurveillance est en service dans nombre de territoires. Contrairement à ce qu’affirme la mairie sans aucun argument, elle n’a quasiment aucune incidence sur la prévention des faits délictueux et le système envisagé par la mairie ne permet, que dans de très rares cas, de retrouver les auteurs d’infractions (moins de 5%, voir les études de Laurent Mucchelli, Directeur de recherche au CNRS vous-etes-filmes-enquete-sur-le-bluff-de-la-videosurveillance).
Du coté de la concertation, rappelons qu’il y a quelques mois, une pétition contre la vidéosurveillance à Lancieux avait recueilli près de 150 signatures. Pas de quoi modifier l’envie pressante de la mairie dirait-on.
Question mairie : Est-ce que s’entraider entre voisin pour signaler des anomalies de mouvement près des habitations est une bonne chose ? oui/non, pourquoi ?
Qui répondra « non » au principe d’entraide ? Peu de monde, c’est certain. La difficulté, y compris dans la formulation de la question, est bien de savoir ce qui constitue une « anomalie de mouvement » et ce qui appelle à la signaler. Une problématique essentielle à laquelle un sondage ne peut répondre.
Question mairie : Pensez-vous qu’informer les forces de l’ordre de quelque chose d’anormal autour de chez soi contribue à renforcer leur réactivité et leur efficacité ? oui/non, pourquoi ?
Ici encore, vu la formulation, les réponses sont largement prévisibles. La question corollaire est donc : à quoi sert cette question ? N’est-on pas au milieu d’une manipulation pour recueillir facilement des soutiens. Quel que soit le projet à suivre, la méthode n’est pas correcte.
La municipalité de Lancieux s’est visiblement forgée la conviction qu’il fallait faire « quelque chose » contre quelques faits et cambriolages dont toutes les villes françaises sont hélas victimes. Selon la mairie, il y a eu 56 cambriolages en près de 4 ans soit 1,2 par mois. C’est toujours trop mais Lancieux reste une ville très sûre.
La sécurité des habitants est un vaste sujet. S’il ne faut certainement pas le négliger, il est important d’éviter la gesticulation et les gadgets techniques, inefficaces et dispendieux qui, de surcroît, induisent une atmosphère anxiogène sur un territoire apaisé.
Quels sont les projets des villes de notre taille qui ont donné satisfaction, c’est-à-dire des résultats concrets et pas un simple effet d’esbroufe ?
CONCRÈTEMENT…
Il aurait été intéressant d’en savoir un peu plus sur les conditions de dépouillement et l’analyse de cette pseudo enquête que l’on peut remplir anonymement autant de fois qu’on le souhaite sur Internet en pouvant même, à une même question, de répondre oui et non en même temps ! Qu’en fera la mairie ?
A quand un groupe de travail sur la concertation et la démocratie locale ?
Concernant la sécurité routière à Lancieux, nous demandons la création d’une commission extra-municipale dédiée pour avancer concrètement en matière d’aménagements adaptés, notamment pour les cyclistes et les piétons.
Dans cette attente, nous participerons au futur groupe de travail sécurité que la municipalité souhaite créer. A ce jour, nous ne connaissons rien de ses objectifs et modalité de travail. A suivre donc.
Concernant les citoyens relais des forces de l’ordre, ce dispositif pourra peut-être marginalement prévenir quelques délits. Il pose la question de la formation, de la démarche, de l’étendue des missions, voire de la sécurité physique des intervenants dont ce n’est pas le métier. On aimerait en savoir davantage. La mairie annonce un café débat dont le thème sera la sécurité. Ce débat est prévu le 18 décembre prochain.
Concernant la vidéosurveillance, nous dénonçons un projet aussi inutile que coûteux pour notre commune. On nous parle de subventions pour amoindrir le coût de cet équipement. Mais les subventions départementales, régionales ou nationales sont également issues de nos contributions fiscales.
Tout en étant inefficace, ce projet municipal de vidéosurveillance est également un pas vers la banalisation des systèmes plus sophistiqués de fichage et autres reconnaissances faciales qui menacent, à terme, l’ensemble de nos libertés individuelles.
Dans ce contexte, via notre pétition, nous vous invitons vivement à demander aux élus de Lancieux de ne pas installer de système de vidéosurveillance dans l’espace public.